Archives quotidiennes : 27 septembre 2011

De la fumée sur les volcans

5h. Le Gunung Semeru, majestueux, s’élève  au-dessus du Batok et du Bromo.

5h10. Le Semeru crache ses premières fumées.

5h30. Visiblement, le Semeru a terminé sa cigarette du matin.

Le Gunung Semeru est le plus haut sommet de Java. Le père sacré de tous les volcans. Au lever du soleil, la vue depuis la crête du massif du Tengger est splendide. De l’ancienne caldeira émergent le Batok (le cône parfait au centre) et le Bromo (le cône découpé à gauche). Comme des centaines de touristes en ce dimanche matin, nous mettons le réveil à 3h30 pour se faire emmener en Jeep au point de vue et admirer le panorama. Les changements de couleur et les contrastes offrent un terrain idéal pour les photographes. Il existe des milliers de photo de ce panorama sur internet. Nous prenons les nôtres.

Un peu plus tard, les Jeeps nous descendent dans la caldeira, au temple érigé au pied du Bromo sacré.

Le sol est gris. Le sable est fin … Heu non, les enfants, … ce n’est pas vraiment du sable mais plutôt des cendres. Des cendres qui restent dans l’air ambiant à chaque pas … On a l’impression de marcher sur la lune …

A l’est de Java, les paysages sont décidément surréalistes. Mais revenons quelques jours en arrière …

Nous quittons le nord de Bali mercredi 21. Une journée presque complète à enchaîner les moyens de locomotion taxi privé – ferry – bemo (mini-bus de ville) – 1er bus – 2nd bus. A chaque changement de transport, on se fait assaillir par des vendeurs qui proposent l’affaire du siècle avec le « bus express – air conditionné » ou encore le forfait complet « hébergement – nourriture – transport ». Nous sommes prévenus par le guide du Lonely Planet et par un article de la famille Ducassé, passée dans cette partie de Java il y a quelques mois. Le coin est connu pour ses arnaques. Par exemple, un voyagiste nous propose un package « transport & 3 nuits » pour … 4 millions de rupiah. 15 minutes après, le tarif est de 3 millions.

Nous préférons goûter aux joies du transport public. On remettra d’ailleurs ce type de périple dans la journée de dimanche 25. Les bus ont leur lot de situations parfois surprenantes : des trajets durant lesquelles les passagers nous regardent un peu comme des bêtes curieuses, et les marchands ambulants qui insistent pour que nous achetions des produits alimentaires, parfois impossibles à identifier, juste pour essayer.

Moi, j’aime beaucoup ces trajets avec les locaux. Mady en revanche en a parfois assez que les Javanais se penchent sur elle avec un grand sourire, lui pincent les joues et lui caressent les cheveux.

Il fait chaud, alors on ouvre la porte arrière du bus pour faire courant d’air. Les soutes sont pleines alors on porte le sac de 15 kg sur les genoux (les parcours durent 3 heures maximum ….). Mis à part les vendeurs en tout genre, les gens s’arrêtent très souvent pour nous proposer de l’aide : traduire, donner une direction, une explication. Quelle gentillesse …

Le mode de transport préféré des filles c’est le becak , un cylo-pousse à 3 roues. On l’utilise en dernier (ou en premier), pour faire le tronçon terminal de bus – hôtel. Ca ne fait qu’un seul kilomètre, dommage pour elles, tant mieux pour le cyclo-pousseur.

1ère étape à Java : Bondowoso et son atmosphère agréable. Sa spécialité culinaire est le tapé, un tubercule bouilli à la saveur aigre-doux, servi tiède dans une feuille de bananier. On a goûté.

Avec seulement deux hôtels, la ville est peu touristique. Un signe qui ne trompe pas, l’anglais n’est pas vraiment compris. Un autre indice : nous battons notre record de prix pour un repas complet boissons comprises : l’équivalent de 3,40 euros … mais pas par personne, pour 5. Pour communiquer c est parfois cocasse. Heureusement, j`ai le guide ‘gepalemo’, un ensemble de dessins, tres pratique dans certains cas.

La religion a changé. Fini l’hindouisme de Bali, nous voici en territoire majoritairement musulman, ce qui a quelques conséquences nouvelles sur notre petit quotidien :

– A 4 heures, l’appel à la prière nous réveille en sursaut.

– A la piscine municipale, les femmes se baignent en tee-shirt et Isa revient voir la caissière pour demander s’il elle peut porter son bikini.

– Dans la salle de bain, les enfants remarquent :

       – « papa je trouve ni la chasse d’eau, ni le papier wc.

        – Il n’y en a pas, par contre ici, il y a un baquet d’eau … »

Depuis Bondowoso, nous faisons l’excursion vers le volcan Ijen et son cratère le Kawah Ijen popularisé par une émission de Nicolas Hulot. L’accès au Kawah Ijen, ça se mérite : Réveil à 4h30, 2h30 de taxi sur une route défoncée puis 3 kms de marche sur un sentier avec une pente « à descendre du VTT ». Puis c’est l’arrivée au bord du cratère. La paroi est de roches blanches.

Au fond du cratère, on distingue de l’eau bleue turquoise, et de la vapeur jaune. Le bleu c’est le lac le plus acide de la planète ; le jaune, de la vapeur de soufre. Le soufre passe ensuite à l’état liquide puis forme des concrétions de couleur jaune vif. Tout ce paysage est sublime …

Et ce soufre est exploité. Des mineurs extraient puis découpent des blocs. Enfin, les forçats du Kawah Ijen entrent en scène : des porteurs montent jusqu’à la crête puis descendent au poste de base. Le travail des porteurs peut se résumer ainsi : une charge de 80 kgs en moyenne sur les épaules, un chemin en pente raide, 2 aller/retour de 6 kms par jour et un salaire de misère.

Lors de notre montée, plusieurs porteurs posent leur charge et nous proposent de monter Mady jusqu’à la crête. 17 kg contre 80 kg, y a pas photo. Mais mademoiselle a sa fierté. Elle râle souvent durant le trajet mais finalement, elle marche durant les 6 kms.

Vous l’avez compris, ces derniers jours n’ont pas été de tout repos. On ne veut pas ramollir. Transport, levers matinaux, randonnée, chambres minuscules, eau froide, nourriture sans variété … De tous, je suis celui qui a sans doute le plus apprécié ces 4 derniers jours. Pour les enfants, c’était pas toujours super.

Comme souvent depuis le départ, tout change rapidement et s’équilibre. Nous venons de quitter Surabaya, métropole de 2 millions d’habitants. La journée d’hier en synthèse : zoo le matin (ca y est, on a vu un lépoard, une lionne et les varans de komodo !), dessins animés l’après-midi et le soir dîner à Pizza Hut dans un énorme centre commercial. Les enfants adorent Surabaya.

Fred