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Goodbye Vietnam !

 Nous quittons le Vietnam après vingt-quatre jours de parcours. C’est l’occasion de faire un bilan vietnamien. D’abord, nous sommes toujours surpris de voir à quel point les frontières des états marquent une vraie différence entre les sociétés. Nous avons traversé le nord de la Thaïlande puis du Laos. En arrivant à Hanoï, nous entrons dans une autre culture, avec un changement qui dépasse bien celui de la langue ou de la cuisine …

 

Le Vietnam, c’est un très beau pays … Avec sa forme de dragon, son territoire est coincé entre montagnes et mer de Chine. Il s’étale du nord au sud sur plus de 1 500 kms et comprend deux plaines littorales avec le fleuve rouge et le Mékong. Cette géographie donne une idée de la diversité des paysages. La Baie d’Along est un environnement sublime, et nous l’avons apprécié progressivement en restant quatre jours à Catba, la plus grande île. La baie a beau être une destination ultra-visitée, elle semble suffisamment étendue pour supporter la masse touristique. Les reliefs karstiques, on les trouve aussi dans les terres, comme dans les environs de Ninh Binh avec les sites de Trang Han et Tam Coc. Partis vers le centre, Hué puis Danang, nous avons repérés un bord de mer paradisiaque, avec cocotiers et sables fins. Dommage que la saison des pluies qui sévit en novembre dans le centre du pays nous a empêché d’en profiter.

Comme pour chaque pays traversé, nous sommes loin d’avoir tout vu. Mais d’après les témoignages et les échanges que nous avons eus avec d’autres voyageurs, le sud avec le delta du Mékong, le littoral, les montagnes du centre et de l’extrême nord sont aussi d’une grande beauté.

Nos séjours à Saïgon et surtout à Hanoï nous ont montré des villes qui regorgent de bâtiments dotés d’une belle architecture coloniale. Le vieux quartier d’Hanoï avec ses maisons étroites qui s’ouvrent sur les trottoirs pour laisser place à des boutiques est une véritable attraction. Chaque rue a sa corporation ou sa spécialité : la rue de la vaisselle, la rue des chaussures, la rue de la fête et des offrandes …

Le Vietnam c’est le pays des paradoxes.

Le plus fort d’entre eux et qui doit expliquer beaucoup de choses, est celui d’un régime politique à dictature unique associée à une économie ultra-libérale. La propagande communiste côtoie sans incohérence apparente les signes extérieurs et bien visibles de la classe sociale la plus riche. Comme dit Bertrand dans une rue de Hanoï, « tiens, un camarade du Parti dans sa Porsche Cayenne… ». Et ça paraît ne choquer personne … La crise ici n’existe pas, ça travaille dur et l’argent récompense les efforts. Les affaires sont la religion du pays.

Un autre paradoxe a trait à la courtoisie. De prime abord, jamais de sourire, peu d’attention dans les échanges et des bousculades (pousse-toi de l’ascenseur que je rentre… ). Cela nous interpelle, après la Thaïlande et surtout notre long séjour en Indonésie.

Que dire du trafic dans les grandes villes. A Hanoï, les trottoirs sont envahis par les restaurants de rue et vendeurs en tout genre. Il faut souvent marcher sur le bord de la chaussée. Mais les milliers de scooters semblent vous foncer dessus !

Sur les routes de campagne, c’est la loi du plus gros : le camion l’emporte sur le bus qui domine le mini-van, prioritaire sur la voiture, qui elle, n’a que faire du scooter. Le piéton est ainsi en bas de l’échelle. Au delà du danger, le premier sentiment pour nous Européens est celui de l’agression. Il faut faire un petit effort sur soi pour comprendre que ces conditions de circulation sont normales. En trois semaines, nous n’avons jamais vu de signes marquant l’impatience ou l’insulte de la part des conducteurs (au volant comme au guidon). Tout l’inverse de chez nous. Un visage complètement fermé ou une moto qui vous frôle n’est donc évidemment pas de l’impolitesse.

Lorsque nous avons eu l’occasion d’échanger un peu plus, nous avons trouvé des gens ouverts, curieux et surtout prêts à rendre service, à aider, sans mauvaise intention … Et paradoxalement, nous avons rencontré dans notre hôtel de Hué, une jeune vietnamienne, Tù, qui pourrait avoir le record du monde de la femme la plus souriante !

 Le Vietnam, qu’est ce qu’on y mange bien ! Partis depuis 4 mois, nous mesurons à quel point nous sommes sensibles à la qualité de notre nourriture au quotidien. Et au Vietnam, nous ne sommes pas déçus : c’est très différent mais aussi bon que la cuisine de Nadia ou de belle-maman. Dans le match des saveurs, Thaïlande et Vietnam rivalisent dans l’excellence.

Quelques étrangetés toutefois  : de nombreuses protéines ont des origines surprenantes : grillons grillés, serpent, tortue et ragoût de chien, « fortifiant pour les hommes » qui est un ragoutant mélange de liquide pimenté et d’animaux séchés : étoiles de mer, pinces de crabe, geckos, serpent … Nous n’avons pas eu le courage de goûter tout ça.

Le Vietnam c’est aussi le pays de la contre-façon.

On ne parle pas seulement des affiches détournées de bande-dessinée (Tintin n’a jamais été à Saïgon), bien que cela annonce la couleur en matière de propriété intellectuelle. Nous avons voulu racheter une montre décathlon. Quelle difficulté pour trouver autre chose que des modèles de fausses Rolex ou Cartier ! Ces montres sont vendues à la vue de tous. Pas étonnant puisque la contre-façon dépasse largement le domaine des objets et des marques (Abibas, Lacoste …). Les faux hôtels sont légion. Si un hôtel devient référencé dans un guide touristique, d’autres hôtels moins confortables mais avec les mêmes tarifs (ou plus chers) vont ouvrir avec le même nom et commissionner les chauffeurs de taxi pour y amener des touristes. Mieux vaut être prévenu et suivre le trajet sur un plan de ville. Et quand on fait comprendre à un chauffeur de taxi que nous ne sommes pas dupes, c’est là qu’il commence à sourir …

Le Vietnam, un bon endroit pour prendre la mesure des horreurs de la guerre.

Un après-midi à Saïgon, nous laissons les filles pour aller au musée des souvenirs de guerre. Peu de musées dans le monde montreraient les atrocités de la guerre de manière aussi frappante et directe. 

Consacré aux guerres d’Indochine et du Vietnam, il expose essentiellement des images et des reconstitutions portant sur la torture, le massacre de civils et les terrifiantes conséquences des armes chimiques. Une mention spéciale pour la salle consacrée à l’Agent Orange qui en dit long sur la capacité irresponsable de l’homme à détruire sa propre espèce. L’armée américaine a pulvérisé de l’Agent Orange sur les forêts du Vietnam durant dix ans (1961-1971) pour détruire les forêts dans lesquelles se cachait l’ennemi. Mais les méfaits de ce poison impactent plusieurs générations. Le musée montre des photos très détaillées d’enfants atteints de malformations congénitales et nés jusque dans les années 2000. On sort du musée un peu sonné …

Voilà, près de 4 semaines se sont écoulées : une fois de plus, nous avons beaucoup  apprécié la découverte de ce nouveau pays : paysages, contacts avec les gens, gastronomie. Et la visite de Marlène et Bertrand nous a fait très plaisir.

 Nous entrons au Cambodge, encore de belles découvertes en perspective !

 Fred et un peu Isa