Ah, le lac Tititcaca ! Une des plus grandes et plus hautes étendues d’eau douce d’Amérique du Sud … Les premiers habitants croyaient que le dieu-soleil était sorti de ces profondeurs. Pour les Incas, Titicaca est le berceau de la civilisation. Pour nous comme pour de nombreux voyageurs, le lac est un passage incontournable pour aller de la Bolivie au Pérou.
Nous quittons La Paz en bus, notre moyen de transport favori. Juste au-dessus, sur l’Altiplano, à 4 000 mètres d’altitude, nous traversons la ville d’El Alto. Il faut bien une heure pour que le véhicule se faufile à travers un carrefour encombré comme il difficile de l’imaginer. Aujourd’hui, c’est dimanche, jour de marché …
Puis assez vite, nous apercevons les eaux bleu saphir du lac. Pour rejoindre Copacabana, notre dernière étape bolivienne, il faut encore passer le petit détroit Estrecho de Tiquina. Ici pas de pont, les véhicules sont chargés sur des barges et les passagers sur de petits bateaux.
Copacabana est située autour d’une baie magnifique. Il y a une très belle cathédrale. Le soleil est fort et le blanc de la façade éclate sous l’effet de la lumière.
Devant cette cathédrale a lieu chaque jour, la « bénédiction des voitures ». Cela consiste à décorer la voiture de guirlandes de fleurs, à l’arroser d’alcool puis implorer la protection de la Vierge. Voilà une excellente alternative aux assurances.
Copacabana est connue pour ses soirées un peu alcoolisées. Elle attire de nombreux routards d’Amérique, amateurs de tabac et herbes en tout genre. Mais finalement, ces touristes ne sont pas très visibles. Nous sommes ici début mai, date de la fiesta de la Cruz, rendez-vous de nombreuses familles boliviennes venues festoyer toute la semaine. Or les Boliviens, quand ils font la fiesta, ils ne font pas semblant ; c’est une sorte de fête de Bayonne ou de Dax à 3 800 mètres d’altitude, et pas seulement en rouge et blanc …
Vêtus d’élégants habits traditionnels (cholas très colorées pour les dames, costumes sombres pour les messieurs), ils dansent, boivent et déambulent dans les rues complètement ivres du soir au matin. Dans la ville, ça sent fort la bière et l’urine.
Depuis la colline voisine du Cerro Calvario, on entend distinctement les musiques, traditionnels et succès internationaux, des quatre ou cinq bals simultanés.
Bon, même si les musiques de Michel Tello et de Gustavo Lima commencent à me sortir par les oreilles (on les entend beaucoup depuis deux mois !), il ne faut pas me pousser longtemps pour participer à la fête ! Quel plaisir de voir des Boliviens souriants ! Un grand moment pour moi de danser au milieu de tous ces fêtards !
Le 6 mai 2012 donc, il n’y a pas qu’à la Bastille que des gens dansent …
Après Copacabana, nous partons pour une île du sud du lac, l’Isla del Sol. Beaucoup de touristes sont là mais rien à voir avec l’ambiance survoltée et la fête haute en couleur de Copacabana. Pas de voitures, pas de routes, les moyens de locomotion sont les hommes et les ânes. L’île est escarpée, il faut grimper en pente raide une bonne demi-heure.
Dans la montée, Isa a l’imprudence d’approcher un lama d’un peu trop près. La sanction est immédiate, le lama lui éternue au visage. « Et ça sent mauvais en plus ! ». Eh oui Isa, il fallait relire Tintin et le Temple du Soleil. Tu saurais que « quand lama fâché, lui toujours faire ainsi ».
Au sommet, c’est la récompense avec un calme absolu et une vue panoramique sensationnelle : lac et montagnes enneigées en toile de fond …
A Yumani, le petit village du sud de l’île, les habitants vivent pauvrement et simplement : élevage de lamas, de moutons, de porcs et un peu de culture de pommes de terre tout en haut de l’île, là où la pente n’est pas trop forte.
Nous logeons près du sommet, chez Javier (merci William pour l’adresse !). La terrasse offre un point de vue unique pour la belle lumière de fin de journée. Comme au Cerro Calvario, nous apprécions le coucher de soleil sur le lac.
Mais il ne faut pas rester longtemps, le soleil couchant laisse brutalement sa place à un froid glacial. A l’Isla del Sol, nous passons notre seizième et dernière nuit en Bolivie, dans le froid. Seize nuits sans chauffage, à prendre des douches de moins d’une minute et à dormir sous quinze centimètres et trois kilos de couverture avec les collants, les polaires et les capuches … Comme dirait Mady, « la Bolivie, ça se mérite ! »
Maintenant, il fait nuit. Allez, une soupe de quinoa et au lit.
A bientôt. Fred
PS : merci pour tous vos commentaires que nous lisons toujours avec régal : des remarques, des tuyaux, maintenant des défis ? Même si nous ne répondons pas toujours, encore merci.