Archives quotidiennes : 5 mai 2012

Les différents visage de La Paz

Notre guide nous prévient : il n’est pas facile de quitter Uyuni car cette ville est complètement enclavée. Nous étudions les différentes possibilités qui s’offrent à nous pour rejoindre Oruro, ville-étape sur la route vers La Paz. Il y a bien un train, mais il part à 1h45 du matin … Pas terrible d’attendre à la gare, dans le froid, avec les enfants. Et le bus ? Cool, il part à 20h, mais il arrive à 4h du matin à Oruro… Pas cool non plus avec des enfants. On interroge même des taxis en leur proposant de nous emmener en voiture moyennant finance. Rien à faire, personne ne veut faire le trajet, la route étant particulièrement mauvaise, nous dit-on.

Nous optons finalement pour un bus de nuit qui nous mènera directement à La Paz (20h – 7h). Je me souviens d’un trajet Uyuni-Potosi de nuit il y a 9 ans : un bus bondé, y compris des animaux, des fenêtres qui s’ouvrent toutes seules, un froid donc terrible. Je préviens tout le monde et nous gardons nos duvets pour la nuit, malgré les couvertures à disposition. Et c’est parti, pour 11h sur une piste complètement défoncée. Impossible de s’endormir. De plus, le froid est bien-là : nous enfilons nos duvets, ne laissant dépasser que le bout de nos nez. Fred vient vérifier à plusieurs reprises que nous ne sommes pas mortes de froid. Lena se bat avec son voisin de derrière qui veut laisser la fenêtre ouverte !

Le bus s’arrête souvent, on entend les coffres s’ouvrir et se refermer. Nos bagages seront-ils encore là à l’arrivée ?

Finalement, le bus s’arrête à 6h30, à quelques centaines de mètres de la gare routière de La Paz, sous prétexte qu’il a un problème. On descend précipitamment, on récupère nos bagages, intacts. Ce bus aurait-il transporté des marchandises illicites qu’il ne fallait pas débarquer devant tout le monde ?

Enfin, nous voilà à La Paz, capitale administrative de la Bolivie. Cette ville présente une physionomie très particulière : elle s’étend d’El Alto, immense zone d’habitats précaires en altitude, encore sur l’Altiplano (4000 m), au fond d’un canyon profond de 400m. L’ensemble des parois du canyon est recouvert de petites bâtisses en briques rouges qui abritent la population grandissante des immigrants de La Paz.

Ici, ce qui surprend, c’est la coexistence de modes de vie très éloignés. Les cholas sont toujours présentes, mais elles ont souvent leur téléphone à la main et croisent des hommes d’affaires avec leurs tablettes PC.

On trouve même des petits stands qui proposent de téléphoner à partir de postes fixes de l’époque.

Les jeunes sont habillés en jeans, comme dans n’importe quel autre pays occidental, mais l’uniforme scolaire est toujours de rigueur, prônant l’égalité sociale à l’école.

Nous baladons dans certains quartiers. Attention, ici, toutes les routes montent ou descendent. Rien n’est plat et nous sommes vite essoufflés car nous sommes toujours entre 3200 et 3600 m d’altitude.

Nous traversons plusieurs marchés dont celui de la sorcellerie où l’on trouve des fœtus de lamas destinés à être enterrés sous les maisons des jeunes couples afin de leur apporter prospérité.

Les ruelles pour touristes offrent un éventail très coloré de l’artisanat du pays : pulls en Alpaga, trousses, sacs, flûtes, appelées ici quenas, chaussettes et autres bonnets.

Nous visitons quelques musées comme le Musée d’Art Contemporain, abrité dans une jolie maison coloniale ou un complexe destiné à l’éveil des enfants : Tangram, Origami, petits marchés pour enfants, tout y est pour occuper les grands et les petits. Le passage à l’Alliance Française est lui aussi bien apprécié.

La ville offre aussi quelques beaux bâtiments coloniaux comme le Palais législatif ou le Palais Présidentiel d’Evo Morales.

Ce dernier semble avoir fait beaucoup pour son pays. Pourtant une chose nous interpelle.

Nous arrivons le 1er Mai à La Paz. La population défile devant nos fenêtres. Tiens, c’est la fête du travail, ici aussi.

Mais le lendemain, puis tous les jours qui suivent, des manifestants continuent leur parade : contre l’avortement, pour la santé pour tous. On se retrouvera même enfermé dans un restaurant un soir, le vigile ayant baissé le rideau de fer devant les mouvements de foule de la rue. Heureusement, tout cela n’a que très peu duré.

Evo Morales a donc encore du pain sur la planche …

Comme dit William, La Paz est une ville dans laquelle il faut se promener pour en apprécier tous les charmes. Voilà ce que nous avons fait pendant 5 jours et j’avoue avoir bien aimé ce séjour. Nous partons demain pour Copacabana, et oui, encore, mais cette fois, ce n’est pas au Brésil, mais sur les bords du lac Titicaca.

Isa