Archives quotidiennes : 25 avril 2012

La montée dans les Andes, à couper le souffle !

L’extrême nord de l’Argentine ce n’est déjà plus l’Argentine. Avec des paysages de désert, des lamas, des vigognes et des villages aux maisons de toits plats qui se fondent dans la montagne, le dépaysement est au rendez-vous.

Partis au petit matin de Salta, nous faisons un trajet en bus qui dure sept heures, direction plein nord vers la Quiaca, dernière ville avant la Bolivie. Comme toujours dans les bus argentins, le confort est au rendez-vous. Installés à l’avant, dans la partie supérieure, nous profitons pleinement de nouveaux paysages … à couper le souffle …

Salta est à 1 200 mètres d’altitude. Le moyen Vercors quoi. Et La Quiaca ? 3 400 mètres … L’équivalent du sommet des Deux Alpes, rien que ça … Comme en alpinisme, (en l’occurence on dira plutôt andisme), il va falloir gérer cette montée brutale. A mi-parcours, le paquet de chips est déjà complètement sous pression, prêt à exploser.

Les filles abrégeront rapidement ses souffrances.

Tout au long du parcours, le décor est superbe. Les tableaux de paysages se succèdent, vers toujours plus de sécheresse. Tiens, nous passons le tropique du Capricorne.

Le voyage est cependant assez fatigant. A l’arrivée, Lena fait une offrande à la terre-mère (à la Pachamama, comme dans les rituels incas), c’est-à-dire qu’elle rend généreusement le pique-nique ingurgité quelques heures avant. Des gestes simples nous essoufflent. Nous buvons plus que d’habitude. Nous supportons nos polaires. Le soir même, Isa a la tête qui cogne. Un aller-retour de textos pour connaître les résultats du 1er tour des présidentielles et à 20h, c’est l’extinction des feux pour une bonne nuit de repos.

Nous entrons en Bolivie le lendemain. J’ai beaucoup aimé nos deux séjours en Argentine, très différents l’un de l’autre. Le changement de pays est toujours un moment excitant. Au poste-frontière, nous apercevons nos amis australiens Renée et Guy, avec qui, sans le vouloir, nous jouons à « Pekin-Express » depuis Cafayate. Sur ce premier tronçon bolivien ,en faisant le trajet en taxi collectif (1 heure) plutôt qu’en bus (2 heures), nous arrivons encore une fois avant eux.

En entrant dans ce nouveau pays, des scènes connues dans les pays les plus pauvres d’Asie du sud-est se reproduisent immédiatement. Le taxi collectif par exemple : Le Toyota qui nous embarque a les sièges littéralement défoncés, les compteurs au tableau de bord ne fonctionnent plus et nous y montons à neuf. A l’avant, ils sont trois, un passager monte au milieu, même s’il n’y a pas de dossier (pas de levier vitesse au fait, c’est une boîte automatique) … Il est loin le temps où on nous refuse l’accès au taxi parce que nous sommes cinq.

Pour trois nuits, nous sommes maintenant à Tupiza. L’endroit et ses alentours sont connus pour avoir vu passer deux célèbres hors la loi dans les années 1900 : Butch Cassidy et Sundance Kid ont terminé leurs jours près d’ici. Sinon, la ville est petite, tranquille, on y croise notamment quelques touristes venus faire de la randonnée dans les belles montagnes environnantes et de nombreuses cholas (femmes boliviennes des hauts plateaux portant la tenue traditionnelle).

A Tupiza, nous touchons du doigt le fossé social qui existe entre ici et chez nous. Exemples : il existe des services de douches pour ceux qui n’en ont pas chez eux ; sur la place principale des militaires distribuent aux habitants des ampoules basse consommation.

A Tupiza, nous passons le temps tranquillement … Beaucoup de temps à table d’ailleurs … Pour les repas, nous allons dans une des dix « pizzerias- ristorante » du petit centre-ville.

A part le nom, elles sont toutes identiques : elles n’ont que cinq ou six tables, le mobilier est en bois de cactus (avec des trous), la carte ressemble à un annuaire, beaucoup de plats sont au menu mais ne sont pas disponibles (pas étonnant qu’il manque des produits dans cette région enclavée et aride). Le temps d’attente après commande est d’environ trois-quart d’heure si d’autres clients ne sont pas arrivés avant nous. A raison de trois repas par jour (pas de petit déjeuner dans notre « refugio »), ça fait environ quatre heures quotidiennes à table . Mais dans la famille, nous sommes malin. Maintenant, nous allons à la pizzeria avec notre jeu de Uno !

Il arrive que le restaurant ferme après notre venue, car nous cinq, ça fait beaucoup de clients à la fois et c’est donc complet. Il faut savoir que dans ces restaurants familiaux, c’est la maman qui prend la commande, dresse la table, cuisine et fait le service. Et ses trois ou quatre enfants jouent à côté. Tout ça me rappelle le rythme et le sens du service d’une soirée à Cat Ba … Parfait pour l’exercice de la patience …

A 3 000 mètres d’altitude, Tupiza est notre base d’acclimatation avant une formidable aventure de quatre jours, qui nous mènera vers des altitudes encore plus élevées ! La suite au prochain épisode … En attendant, encore un dernier après-midi bronzette.

Fred.

PS : Lena a dépouillé les votes des plages du monde. Retournez dans l’article « Votez au tour du monde des plages » et découvrez en bas de page les trois plages choisies par les blogeurs plus le nom de toutes les autres.